La justice fédérale américaine a estimé que le glyphosate (RoundUp) constituait un « facteur substantiel » du lymphome non hodgkinien d’un plaignant de 70 ans. Il s’agit du deuxième procès sur le glyphosate intenté aux États-Unis. Un article du JDLE.
Nouveau coup dur pour Monsanto. Après le cas du jardinier Dewayne Johnson, première victime du glyphosate à l’avoir emporté contre Monsanto, en août 2018 devant un jury californien, la justice fédérale américaine vient d’entrer en jeu.
Mardi 19 mars, le tribunal fédéral de San Francisco a reconnu l’implication du glyphosate dans la survenue du lymphome non hodgkinien d’Erwin Hardeman, qui utilisait l’herbicide depuis 1986 pour se débarrasser des mauvaises herbes de son jardin, à Sonoma (nord de San Francisco).
Cette affaire, la deuxième à être jugée aux États-Unis, est considérée comme décisive, en ce qu’elle pourrait servir de jurisprudence pour la suite : plus de 9 000 autres plaintes ont en effet été déposées contre Monsanto, filiale de l’Allemand Bayer, aux États-Unis.
Place aux dommages et intérêts
Dans la seconde phase du procès, qui a débuté le 20 mars, la justice doit évaluer les dommages et intérêts que devra verser Monsanto à Erwin Hardeman, et donc l’ampleur de la responsabilité directe de l’entreprise. Dans le cas de Dewayne Johnson, elle a été condamnée à verser 289 millions de dollars.
Alors que la justice suit son cours outre-Atlantique, des plaintes sont aussi déposées en France, dans le cadre de la campagne Glyphosate lancée en Ariège durant l’automne 2018, par des personnes dont des analyses urinaires montrent l’imprégnation par le glyphosate. Fin février, 50 Lillois ont porté plainte devant le tribunal de grande instance de Lille pour mise en danger de la vie d’autrui.
Une nouvelle méta-analyse accablante
Classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en mars 2015, le glyphosate continue à faire l’objet de vives polémiques, qui ont culminé lors de son renouvellement d’autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne –en novembre 2017, il a été renouvelé pour cinq ans.
Son lien avec le lymphome non hodgkinien vient d’être conforté par une nouvelle méta-analyse, publiée lundi 18 mars dans l’International Journal of Epidemiology –une autre a été publiée début février. Menée sur des cohortes d’agriculteurs de France (cohorte AGRICAN), de Norvège et des États-Unis, elle montre un risque accru de 36 % du lymphome non hodgkinien le plus fréquent, à savoir le lymphome diffus à grandes cellules B –il n’était pas significatif dans AGRICAN.
Autre épine dans le pied du glyphosate, celui-ci pourrait bien être un perturbateur endocrinien, contrairement à ce qu’affirmait l’autorité européenne de sécurité des aliments en septembre 2017. Une étude publiée le 12 mars par l’Institut Ramazzini (Italie) révèle que l’exposition à ce produit entraîne, chez les rats, une hausse de la distance anogénitale chez les mâles comme chez les femelles, signe d’une masculinisation, ainsi qu’une hausse de production de testostérone chez les femelles et un retard des premières chaleurs.