Pour la Croix-Rouge ukrainienne, atteindre les personnes dans le besoin reste le plus grand défi dans cette guerre, en particulier dans les villes de la ligne de front comme Marioupol, où des dizaines de tentatives d’acheminement de l’aide humanitaire ont échoué.
« Il nous manque les accords de cessez-le-feu pour pouvoir aider les gens », a affirmé Maksym Dotsenko, directeur général de la Croix-Rouge ukrainienne, lors d’un point de presse mardi 29 mars.
Le problème reste particulièrement évident dans les petites villes occupées par les forces russes, car « il n’y a pas d’accès permettant d’apporter une aide à la population ». Sans la permission d’entrer dans une ville, l’aide humanitaire ne peut être acheminée.
Pour connaître les besoins de la population, la Croix-Rouge ukrainienne reçoit des listes établies par les autorités locales et les centres humanitaires, ainsi que par le gouvernement ukrainien.
« En ce moment, les besoins les plus essentiels auxquels nous répondons sont les médicaments et le matériel médical, les kits d’hygiène, les générateurs d’électricité, les canons à chaleur et le matériel médical », a déclaré M. Dotsenko.
« Nous suivons la situation avec les autorités de l’État et dès que nous voyons une opportunité ou une nouvelle possibilité de soutenir les gens dans ces endroits, par exemple en leur apportant une aide humanitaire ou en organisant l’évacuation des personnes, nous utilisons cette possibilité », a-t-il expliqué.
Depuis le début de l’invasion russe le 24 février dernier, la Croix-Rouge ukrainienne ne s’est pas contentée de fournir une aide humanitaire. « Il s’agit de maintenir et d’accompagner les couloirs humanitaires pour l’évacuation de la population civile des endroits actuellement confrontés à des hostilités. »
Une évacuation sous les bombardements
« Nous avons accompagné l’évacuation des civils dans les villes de Sumy, Chernihiv […]. Nous avons également aidé à évacuer les gens de Marioupol et nous poursuivons ce type d’activité […] dans la région de Kharkiv, dans la région de Kiev ainsi que dans d’autres régions », a expliqué le directeur de la Croix-Rouge ukrainienne.
Il y a eu des occasions d’évacuer des personnes de Marioupol, même si l’aide humanitaire ne peut pas atteindre la ville. Aucune des dizaines de tentatives d’acheminement de l’aide à Marioupol n’a abouti.
« Dieu merci, il y a une possibilité d’évacuer les gens de Marioupol sous les bombardements. Il y a des cas d’évacuation qui ont réussi, mais malheureusement, la situation est inverse en ce qui concerne les livraisons d’aide humanitaire à Marioupol », a indiqué M. Dotsenko.
Il a rappelé que les évacuations à Marioupol se déroulent sous les bombardements. « Les gens risquent leur vie sous les bombardements, en essayant d’évacuer, de se rendre dans un endroit plus sûr », a poursuivi M. Dotsenko.
Malheureusement, « la possibilité d’évacuer Marioupol n’est pas rendue possible par les couloirs […] humanitaires, [cette possibilité n’est pas] le résultat d’un cessez-le-feu ou d’un accord entre les deux parties », a-t-il ajouté.
2000 tonnes d’aide humanitaire déjà acheminées
Malgré les conditions difficiles, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la Croix-Rouge ukrainienne a fourni une assistance et un soutien à plus de 400 000 personnes et a également contribué à l’évacuation de 80 000 personnes. Plus de 2 000 tonnes d’aide humanitaire ont été livrées aux personnes affectées.
La Croix-Rouge a également administré les premiers secours ainsi qu’un soutien psychologique aux personnes qui en ont besoin « pour préserver au moins un peu leur santé mentale », a déclaré M. Dotsenko.
Il a ajouté qu’un soutien — sous la forme d’une aide pour leur transfert vers des abris — est également apporté aux personnes à mobilité réduite qui ne peuvent se déplacer par elles-mêmes et à celles souffrant de maladies graves.