En moyenne, la pollution atmosphérique réduit la durée de vie d’un Terrien de trois ans. Ce qui en fait le premier facteur de mortalité dans le monde, selon une étude. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
La pollution de l’air constitue certes un facteur bien établi de mortalité au niveau mondial, mais largement sous-estimé: alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’elle a tué 4,2 millions de personnes en 2016, le bilan serait en réalité deux fois plus élevé, à 8,8 millions de personnes, estiment Jos Lelieveld, de l’Institut Max Planck de chimie à Mayence (Allemagne), et ses collègues, dans une étude publiée mardi 3 mars dans Cardiovascular Research, revue de la Société européenne de cardiologie (ESC).
Les chercheurs ont croisé les données mondiales d’exposition aux particules fines PM2,5 (d’une taille inférieure à 2,5 microns) et à l’ozone avec le Global Exposure Mortality Model, outil publié en 2018 et qui permet de mieux calculer l’impact sanitaire de la pollution de l’air. Outre les effets cardiovasculaires et pulmonaires, l’équipe a, pour la première fois, évalué l’effet sur d’autres maladies non transmissibles, dont le diabète et l’hypertension.
Première cause de mortalité
La pollution atmosphérique s’avère ainsi le principal facteur de risque de mortalité à travers le monde, devançant même le tabagisme (actif et passif) et ses 7,2 millions de morts par an. La pollution de l’air entraîne une baisse moyenne d’espérance de vie de 2,9 ans, contre 2,2 ans pour le tabac, 0,7 an pour le sida, 0,6 an pour les maladies vectorielles et 0,3 an pour les morts violentes (homicides, guerres, etc.).
C’est en Asie de l’est (dont la Chine) que l’espérance de vie est la plus affectée par la pollution de l’air, avec une baisse de 3,9 ans, contre 3,3 ans en Asie du Sud (dont l’Inde et le Pakistan) et 2,2 ans en Europe – où les situations sont variables de l’ouest à l’est, largement plus touché. En Afrique, la pollution de l’air, avec une réduction de 3,1 ans de l’espérance de vie, a un impact similaire à celui du sida et du paludisme.
Des décès plus ou moins évitables
Selon les chercheurs, environ deux tiers de ces décès sont dus à la pollution d’origine humaine, principalement la combustion d’énergies fossiles. Dans les pays industrialisés et en Chine, cette part s’élève même à 80%-85%. La marge de manœuvre est plus limitée en Afrique, où les poussières du désert constituent une part importante de la pollution : au Nigeria et en Egypte, seuls 16% de ces décès pourraient être évités.
Au-delà de la pollution atmosphérique, la pollution de l’air intérieur, liée aux combustibles à base de charbon ou de bois, a entraîné 3,8 millions de décès prématurés en 2016, principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire, estime l’OMS.
