Sans action internationale, le virus d’Ebola pourrait proliférer à raison de 10.000 nouveaux cas par semaine d’ici mi-décembre, a déclaré la commissaire Kristalina Georgieva au Parlement européen le 20 octobre.
La commissaire chargée de la coopération, de l’aide humanitaire et de la réaction aux crises, Kristalina Georgieva et le commissaire à la santé, Tonio Borg, ont exposé la situation de l’Union européenne en ce qui concerne Ebola aux eurodéputés pendant la séance plénière du Parlement de Strasbourg.
Le nombre de cas d’Ebola dans le monde a doublé depuis la mi-septembre, explique Kristalina Georgieva, passant de cinq à neuf mille personnes. Le nombre de morts du virus a également augmenté, atteignant un total de 4546, alors que l’on parlait de 2000 victimes il y a un peu plus d’un mois.
Parmi elles, on compte au moins 300 membres du personnel médical qui travaillaient sur le terrain en Afrique de l’Ouest.
Selon la commissaire, l’Afrique occidentale ne fait pas seulement face à une crise sanitaire, mais également à une catastrophe économique et humanitaire. La Banque mondiale estime que, du début de l’épidémie à la fin de l’année 2014, les économies des pays touchés auront accusé une perte d’environ 5,7 milliards d’euros et pourraient, si la crise ne faiblit pas, enregistrer des pertes à hauteur de 19,5 milliards d’euros en 2015.
La Commission européenne a pris un certain nombre de mesures afin d’aider les pays touchés et de contenir la propagation de l’épidémie. Plus de 180 milliards d’euros ont été alloués à la crise Ebola par l’UE, qui a également redoublé d’efforts pour garantir l’évacuation des centaines de volontaires européens dans la région. Des équipements médicaux, du matériel de protection et des avions spécialement conçus pour le transport de malades ont aussi été mis à disposition.
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Le commissaire Tonio Borg a quant à lui annoncé aux eurodéputés qu’un réseau de laboratoires hautement sécurisés a été activé dans l’Union. Grâce à ces laboratoires, tous les pays membres seront équipés des structures nécessaires au dépistage des personnes contaminées.
« La Commission a également établi un réseau de cliniciens volontaires expérimenté dans le traitement d’Ebola en Europe », a ajouté le commissaire.
En outre, dans les jours qui viennent, la Commission approuvera le débloquement de 25 millions d’euros pour la recherche préclinique sur de potentiels vaccins préventifs.
Malgré ces efforts, les eurodéputés se sont montrés critiques quant à la réponse, jugée tardive, de la Commission face à la crise. Avoir les médicaments nécessaires ne suffit pas dans une telle situation, a notamment asséné l’eurodéputée espagnole Lidia Senra Sanchez, du parti GUE/GVN.
« Nous devons aussi combattre les causes de la vulnérabilité de l’Afrique de l’Ouest, comme le chômage, qui atteint 80 % de la population, ou la malnutrition, a-t-elle ajouté.
Se limiter à donner de l’argent à l’industrie pharmaceutique des pays occidentaux ne suffit pas, il faut également fournir une aide aux pays touchés qui ont besoin de personnel médical, entre autres. »
La propagation d’Ebola a par ailleurs été discutée par les ministres des Affaires étrangères de l’UE lors d’une réunion à Luxembourg le 20 octobre. Dans les conclusions du Conseil, les ministres demandent à tous les acteurs de mettre en place des campagnes d’information objectives à destination des citoyens européens et de « renforcer la coopération nationale et internationale aux niveaux adéquats ».
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