Six États membres du sud de l’UE ont signé une déclaration commune pour améliorer leur coopération, et négocier ensemble le prix des médicaments face à l’industrie pharmaceutique.
Le 9 mai, les ministres de la Santé européens ont rencontré les représentants des entreprises pharmaceutiques à Malte, afin de discuter de la durabilité générale des soins de santé et de l’accès des patients aux traitements.
La veille, les ministres de la Santé maltais, chypriote, grec, italien, espagnol et portugais avaient adopté une position commune, dans l’espoir d’obtenir de meilleurs prix de l’industrie pharmaceutique.
En juin dernier, la Commission avait pris des mesures timides pour contrer l’augmentation des prix des médicaments, reconnaissant que dans de nombreux cas les défaillances du marché empêchent l’accès des patients à leur traitement.
Les ministres s’inquiètent du système complexe de tarification des médicaments, qui semble déséquilibré et « pourrait ne pas toujours favoriser le meilleur résultat pour les patients et la société ».
Les États membres ont de plus été encouragés à explorer des stratégies pour négocier ensemble les prix des médicaments et à s’échanger des informations avant les négociations avec l’industrie pharmaceutique.
Des accords similaires ont déjà été conclus entre certains États membres : le Benelux et l’Autriche (Beneluxa), la Bulgarie et la Roumanie, ainsi que le groupe de Visegrád (Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne) avec la Croatie et la Lituanie.
La présidence maltaise du Conseil, en place depuis janvier, a toujours soutenu une coopération structurée entre les différents systèmes de santé européens. Dans une interview, le ministre de la Santé, Chris Fearne avait souligné que l’accès et le prix des médicaments seraient une priorité pour le pays.
« Nous voudrions voir davantage de transparence dans la manière dont les entreprises pharmaceutiques négocient avec les autorités », avait-il indiqué, avant d’expliquer que les États membres et les autorités achetant les médicaments ne sont pas vraiment autorisés à partager entre eux les prix qu’ils payent.
« Je pense que ce système permet d’imposer des prix élevés. Même parmi les États membres, il y a un mouvement pour rendre les négociations plus transparentes, afin que les prix soient revus à la baisse et que les malades aient un meilleur accès à leurs médicaments », avait-il continué.
Les tentatives de La Valette pourraient cependant se heurter à un mur. Le titre des discussions du groupe de travail sur la santé publique a en effet été modifié. Il est passé d’une rencontre sur la « Coopération structurée entre systèmes de santé », le 10 avril à « Encourager une coopération volontaire entre systèmes de santé », au mois de mai.
Profits limités pour les entreprises
Dans leur déclaration commune, les ministres du sud de l’Europe annoncent une coopération en pleine conscience, loyauté, solidarité et transparence pour un meilleur accès aux médicaments.
« Nous avons exprimé une volonté politique claire pour la mise en place d’un comité technique qui explorera les possibilités en termes de coopération volontaire, dont notamment le partage d’informations, l’identification des meilleures pratiques, l’identification de médicaments et thérapies innovants, l’exploration de mécanismes possibles pour les négociations de prix et d’achats conjoints », explique leur communiqué de presse.
Andreas Ksanthos, ministre grec à la Santé, souligne que le prix des médicaments est en hausse constante et que les États sont incapables de suivre. Les citoyens n’ont donc plus accès à de nouveaux traitements efficaces.
Le ministre estime donc nécessaire de transformer les politiques actuelles, ce qui « pourrait complètement répondre à l’évolution de la demande et à la corruption dans le secteur pharmaceutique », au cœur du débat en Grèce depuis l’affaire Novartis.