Le conseil de l'UE convoqué à Bruxelles jeudi 6 mars représente un évènement exceptionnel. L'aide financière à l'Ukraine, les visas et d'éventuelles sanctions sont à l'ordre du jour.
Après Paris mercredi, les diplomates occidentaux mobilisés depuis une semaine au sujet de la crise ukrainienne se déplacent à Bruxelles jeudi 6 mars.
Un conseil extraordinaire de l’UE a été réuni d’urgence, avec tous les chefs d’État. Il s’agit d’une convocation « exceptionnelle, qui reflète la gravité de la situation », explique-t-on du côté de l’Élysée, en soulignant le caractère officiel de la rencontre.
La présentation du nouveau gouvernement ukrainien à 28 chefs d’État européens « vaut reconnaissance de sa légitimité », même si le gouvernement ukrainien actuel est bien considéré comme un gouvernement de transition, avant des élections prévues le 25 mai.
La légitimité du gouvernement ukrainien reste contestée par le gouvernement russe qui refuse pour l’heure de discuter avec un de ses membres, comme l’a montré l’épisode parisien.
Intense activité diplomatique
Mercredi à Paris, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a rencontré le ministre des Affaires étrangères russe, et lui a indiqué que « l'intégrité territoriale de l'Ukraine devait être respectée ». Les représentants de la Russie et de l'Ukraine ne se sont pas rencontrés, ce qui ressemble à un échec diplomatique alors qu'ils étaient ensemble à Paris avec de nombreux ministres des Affaires étrangères, même si le Quai d'Orsay a évoqué un progrès significatif dans les discussions.
« Nous avons une série d'options sur la table, que moi-même et M. Serguei Lavrov allons suggérer à nos chefs d'État » a de son côté indiqué le représentant américain.
Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que la solution du dialogue était la meilleure, avec la Russie et l'Ukraine.
Une aide financière supérieure à l’offre russe
Du côté européen, la solution d'une aide financière de 11 milliards d'euros a fait l'objet d'un accord de principe. Il s’agit d’une enveloppe plus importante que les 15 milliards de dollars promis fin 2013 par la Russie.
L'UE ne garantira que 1,4 milliard d'euros de son propre budget, l'enveloppe globale représentant surtout des aides de la Banque européenne de reconstruction et de développement et de la Banque européenne d'Investissement. Une autre tranche de l'aide dépendra d'un accord avec le FMI, pour 2 milliards d’euros.
L’Ukraine a aussi demandé une aide humanitaire pour certaines régions, dont des médicaments.
L’accord d’association proposé en 2013 pour organiser le libre-échange entre l’UE et l’Ukraine reste toujours sur la table. Même s’il nécessite l’accord du Conseil et du Parlement européen, il devrait pouvoir être ratifié en urgence avant la fin de la session parlementaire européenne en avril selon la France, tant il fait consensus.
Des points de discorde demeurent
Au niveau des Vingt-Huit, la concorde sur la résolution de la crise ukrainienne n’est qu’apparente. Les pays limitrophes de l’Ukraine n’ont notamment pas les mêmes points de vue que le reste du continent. La question des visas reste sujet à débat. L’Ukraine souhaite une libéralisation du système des visas, mais la plupart des pays européens demandent des garanties avant de la mettre en place.
Le sujet des sanctions potentielles dont pourrait faire l’objet la Russie si elle refuse de se désengager de Crimée fait également débat, la Pologne n’y étant notamment pas favorable.
La question du gaz sera aussi abordée, avec la recherche de solutions non pas pour l’approvisionnement de l’Europe, mais de l’Ukraine dans un premier temps.
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Le sujet porte sur la mise en place de flux rebours de gaz qui puissent aller d’ouest en est. Ils sont déjà possibles entre la Pologne et l’Ukraine, et devraient être mis en place avec la Slovaquie. Évoquées par les diplomates, ces solutions restent néanmoins des projets de long terme : les infrastructures nécessaires à leur mise en place demandent plusieurs années.