Les droits sexuels et reproductifs des femmes sont « en danger », s’inquiète le Conseil de l’Europe.
Dans un rapport publié le 5 décembre, le Conseil de l’Europe souligne que « dans plusieurs pays européens, des menaces ont recommencé à peser sur la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes ces dernières années ».
Le Conseil de l’Europe a pour but de protéger les droits de l’Homme dans ses 47 États membres.
Recul sur l’avortement
Les menaces pesant sur les droits des femmes incluent notamment des propositions législatives soutenant une interdiction presque totale de l’avortement en Lituanie, en Slovaquie, en Espagne, en Pologne et en Russie. Bien qu’elles aient été dénoncées par des manifestations, ces propositions « illustrent de façon marquante l’étendue et la nature de l’hostilité à la défense des droits des femmes et de l’égalité de genre qui se fait jour dans certaines parties d’Europe », estime le commissaire aux droits de l’Homme.
En Arménie, Macédoine, Géorgie, Russie et Slovaquie, des obstacles procéduraux ont été introduits, afin de limiter le nombre d’avortements. Il s’agit souvent de période d’attente et de conseils non objectifs obligatoires qui, selon l’OMS, n’ont aucun intérêt médical et ne servent qu’à limiter l’emprise des femmes sur leurs propres décisions. Des propositions législatives allant dans ce sens ont également été avancées en Lettonie, en Lituanie et en Roumanie.
Même dans les pays où l’avortement est légal, les femmes n’y ont pas toujours accès, les médecins pouvant refuser en cas d’objection de conscience. En Italie, environ 70 % des professionnels de la santé refusent de participer à un avortement. Dans certaines régions, il est donc virtuellement impossible de se faire avorter.
Les défenseurs des droits de l’Homme également en danger
Le rapport souligne également les menaces pesant sur les défenseurs des droits de l’Homme en général. « La récente introduction par certains États membres de politiques et de réglementations restrictives pour la société civile en général, par exemple en Hongrie et en Fédération de Russie, a eu un impact direct et concret sur les défenseurs des droits de l’Homme et sur les organisations de la société civile qui œuvrent en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes », estime le rapport.
En Hongrie, la loi sur les « ONG financées par l’étranger » oblige ainsi toutes les organisations recevant des dons ou financements de donateurs non hongrois à déclarer leurs frais de financement. Le but est ici de décrédibiliser les organisations défendant des avancées sociales.
Reka Safrani, du Lobby des femmes hongroises, explique que le vote de cette loi lui a été bénéfique, au niveau économique, parce que de nombreux donateurs ont mis la main au portefeuille en signe de solidarité. Elle souligne néanmoins que dans beaucoup d’autres ONG, plus petites, qui travaillent avec les femmes, la suppression des aides du gouvernement a forcé les membres à devenir bénévoles. Ce type de mesures affecte évidemment les bénéficiaires des programmes, les femmes dans le besoin.