La commissaire tchèque Věra Jourová se sent plus à son aise au sein de la Commission Juncker que quand elle était ministre au gouvernement tchèque.
« Après deux mois [au gouvernement tchèque], je vérifiais tous les matins si j’étais encore une femme », a expliqué la commissaire européenne à la justice, aux consommateurs et à l’égalité des chances, qui ajoute qu’elle devait s’adapter à la manière de penser masculine pour promouvoir son travail. « À la Commission, je n’ai pas ce sentiment, je ne vérifie plus », assure-t-elle.
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Avant de devenir commissaire européenne à l’automne 2014, Věra Jourová était ministre du Développement rural en République tchèque.
La commissaire, qui participait à un événement de promotion des femmes dans l’industrie de la technologie, se souvient aussi des critiques concernant sa nomination qui sont parues dans la presse tchèque.
« Combien d’articles se demandaient : ‘Qui est cette Jourová ? Sa seule qualification est-elle qu’elle est née il y a 50 ans et est une femme ? », a-t-elle souligné lors de l’évènement.
« Comment pouvais-je me défendre ? Je devais venir à la Commission et montrer que je ne ferais pas pire que mes homologues masculins. »
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Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a insisté pour que les États membres proposent au moins neuf candidates pour la formation de la Commission.
Son prédécesseur, José Manuel Barrosso, avait déjà neuf femmes commissaires. Jean-Claude Juncker a dévoilé qu’il avait eu des difficultés à convaincre les chefs d’États et de gouvernements à soutenir des candidates. « Je dois dire que je suis arrivée à la Commission grâce à un quota », admet Věra Jourová.
Quota obligatoire
Věra Jourová a défendu le projet de loi que sa prédécesseure, Viviane Reding, avait proposé en 2012 pour un quota obligatoire de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées en Bourse. Le Parlement européen a approuvé la directive en 2013, mais les États membres se sont opposés à un quota contraignant.
Du million d’Européens formés au numérique par Google l’an dernier, 43 % étaient des femmes ou des jeunes filles, a pour sa part souligné Matt Brittin, qui dirige les activités européennes du géant américain. « Ce n’est pas la moitié, mais c’est un vrai bond en avant par rapport aux chiffres des entreprises technologiques », explique-t-il.
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La Commission et certaines entreprises de technologie représentées à Bruxelles font la promotion de leurs efforts pour gonfler le nombre de femmes dans leurs rangs. La cinquième « journée des femmes dans les TIC » a eu lieu le 28 avril.
Des statistiques récentes de la Commission européenne et d’Eurostat montrent que les femmes sont toujours très sous-représentées dans le secteur.