L’autorité européenne en charge du respect des droits de l’homme a présenté une déclaration exceptionnellement sévère. Elle fait allusion au fait qu’un projet des autorités italiennes visant à relever les empreintes digitales des Roms équivaut à du fascisme.
Bien que le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni, leader du parti xénophobe La Ligue du Nord, ne considère pas que ses projets concernant un recensement des Roms en Italie basé sur le relevé des empreintes digitales soient discriminatoires, la plus ancienne institution européenne, spécialisée dans les droits de l’homme, le voit d’autre œil.
Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Terry Davis, a déclaré dans un communiqué écrit que « cette proposition prête à des analogies historiques qui sont tellement évidentes qu’il est inutile de les citer ».
M. Davies a limité ses critiques au ministre, sans aller jusqu’à condamner le gouvernement de Silvio Berlusconi dans son ensemble.
« Je pense que la démocratie et les institutions de l’Italie sont suffisamment mures pour empêcher de telles idées de devenir des lois mais je suis néanmoins inquiet de ce qu’un haut responsable du gouvernement de l’un des Etats membres du Conseil de l’Europe ait apparemment avancé une telle proposition », affirme M. Davies.
M. Maroni justifie sa proposition sur le recensement des Roms par la nécessité de mieux les contrôler puisqu’ils se déplacent souvent d’une ville à une autre pour échapper aux contrôles. Cette mesure concerne également les enfants, qui sont quelque fois exploités par les parents pour se livrer à la mendicité, a-t-il déclaré, ajoutant que ces parents perdraient la garde de leurs enfants.
Les propositions du ministre ont également été attaquées au niveau national en Italie. Le leader de l’opposition centriste, Pier Ferdinando Casini, les a qualifiées « d’actes racistes ». Les groupes militant pour le respect des droits de l’homme ont fortement condamné le projet italien visant à relever les empreintes digitales des Roms. Mais un sondage télévisé sans valeur scientifique a révélé que les projets de M. Maroni visant à mieux maîtriser les déplacements des Roms avaient été soutenus sans réserve par 80% des Italiens.
Luciano Scagliotti de la section italienne du Réseau européen contre le racisme a déclaré à EURACTIV qu’une loi ou une mesure basée sur l’appartenance ethnique peut avoir des conséquences très importantes.
« C’est une violation non seulement des principes généraux [mais aussi] une violation des traités européens, de ce fait cette mesure est inacceptable », a-t-il renchéri. « C’est exactement comme le recensement des Juifs par l’Allemagne nazie en 1938 », a-t-il déclaré.
M. Scagliotti a ajouté qu’un certain nombre d’ONG spécialisées préparent actuellement un dossier destiné à la Commission européenne pour demander à ce qu’elle impose à l’Italie les mêmes sanctions que celles appliquées à l’Autriche en 2000, lorsque le Parti de la liberté du responsable politique de l’extrême droite, Jöerg Haider, a rejoint le gouvernement.