Une étude réalisée dans le cadre du projet Life Tackle examine l’importance accordée à la protection de l’environnement par les supporteurs de football – et témoigne de l’écart entre attente et comportement écologiques.
La majorité des fans de football se dit consciente de l’importance de protéger l’environnement, selon un rapport des chercheurs de l’Institute of Management of Sant’Anna School of Advanced Studies (Pisa, Italie) publié dans le cadre du projet Life Tackle. Mais l’étude montre aussi que même si les supporteurs sont favorables à un football plus engagé pour la protection de l’environnement, ils discernent mal leur propre impact écologique et l’importance de leur engagement individuel.
Pour son étude, l’équipe de chercheurs a interrogé plus de 1400 supporteurs de football lors de matchs de la Ligue 1 italienne et de la Ligue des Nations de l’UEFA, en Italie et en Suède, sur leur connaissance des enjeux climatiques et leur opinion concernant la protection de l’environnement.
Interrogés sur leurs connaissances des enjeux environnementaux en général – dérèglement climatique, gestion des déchets, pollution de l’air et de l’eau, énergies renouvelables – trois quarts des supporteurs se considèrent bien informés.
Plus de 90 % des personnes interrogées se disent en faveur de la protection de l’environnement, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la réduction de la pollution, pointe l’étude.
Par ailleurs, la grande majorité des sondés partage l’avis que le football devrait s’engager pour la protection de l’environnement (86 %). La plupart des fans seraient également plus satisfaits d’aller assister à un match de football s’il était respectueux de l’environnement.
Mais dès lors qu’il s’agit d’identifier les différentes mesures à adopter pour y contribuer, les spectateurs manquent d’intuition, souligne l’étude. « Il y a un désalignement évident entre les impacts réels des matchs de football (..) et la perception qu’en ont les supporteurs », selon le rapport.
Ainsi, pour les supporteurs, il incombe surtout aux grandes instances internationales comme la Commission européenne, la Fifa ou encore l’UEFA de s’atteler au problème et d’y apporter des solutions. Et de se montrer moins exigeants envers les clubs de football et les propriétaires des stades – alors que ce sont précisément ces acteurs locaux qui sont en charge de mettre en place les différentes initiatives environnementales.
Pour la grande majorité des fans, les clubs de football peuvent réduire leur impact environnemental en matière de réduction des déchets (89 %) et de consommation de plastique (88 %). Eux-mêmes se disent également prêts à limiter le gaspillage alimentaire lors des matchs, de récupérer et recycler leurs déchets ou encore d’acheter des gobelets et assiettes biodégradables.
Mais les facteurs ayant le plus grand impact environnemental demeurent en grande partie en dehors de leurs radars : la consommation d’énergie pour l’illumination des stades, la consommation d’eau pour irriguer les pelouses et le transport de centaines de milliers de spectateurs qui se déplacent pour voir leurs matchs chaque année.
C’est sur ce dernier point que les spectateurs interrogés semblent avoir particulièrement du mal à appréhender. Si la majorité des spectateurs (64 %) se dit prête à venir au stade à vélo ou avec les transports publics, 20 % des fans y opposent une fin de non-recevoir. Et près des deux tiers des personnes interrogées déclarent toujours aller au stade en voiture. Pour rappel, les déplacements en voiture des spectateurs français généraient pas moins de 35.000 tonnes de CO2 en 2011.
La peur de se faire voler leurs vélos une fois au stade et les craintes liées à la sécurité routière expliquent la grande réticence des fans envers cette forme de mobilité douce, expliquent les auteurs du rapport. Selon le rapport, « il est important de noter que 39 % des interrogés s’inquiètent de la sécurité de leurs vélos. » Aussi, ils appellent les autorités locales à améliorer les infrastructures urbaines afin d’encourager les fans de football à se déplacer de manière plus éco-responsable. Ils recommandent également aux stades d’installer plus de râteliers de vélo et mettre en place des mesures de vidéo-surveillance.
Par ailleurs, 48,4 % des personnes interrogées estiment que modifier leurs comportements individuels ne changerait rien quand 60,7 % d’entre elles déclarent que les différentes mesures et initiatives resteront vains tant que l’effort ne sera pas collectif.
Autre élément d’importance, le manque de communication significatif de la part des différents acteurs du ballon rond. « Les clubs et les gérants des stades notamment devraient faire plus pour rendre leur rôle dans la transformation du football plus visible », recommandent les auteurs. Mais aussi pour rappeler aux supporteurs que chaque action individuelle en faveur de l’environnement contribue à un football plus vert.