Les États membres de l’UE dépensent en moyenne 80,4 milliards d’euros par an pour traiter de maladies causées par un manque d’activité physique, selon un rapport publié le 17 juin.
L’étude sur le coût de l’inactivité physique en Europe montre que les dépenses de santé publique européennes, qui sont déjà élevées, devraient augmenter encore davantage à l’avenir si les Européens ne font pas plus d’exercice.
Les maladies liées à un manque d’activité physique, comme les maladies coronariennes, le diabète de type 2 ou certains cancers, causeraient environ 500 000 morts par an en Europe.
Les États pourraient pourtant économiser quelque 80,4 milliards d’euros par an si tous les Européens faisaient en moyenne 20 min d’exercice physique par jour. Même sans atteindre tout à fait cet objectif, plus d’activité physique aurait des conséquences positives sur la santé des citoyens et sur les caisses des États, soulignent les auteurs de l’étude.
Cette étude a été réalisée par le Centre de recherches économiques et commerciales (CEBR) pour l’association international pour le sport et la culture (ISCA).
La « crise » de l’inactivité physique
Lors de la publication de l’étude à Bruxelles, Vicky Pryce, son auteure principale et ancienne co-directrice du service économique du gouvernement britannique, a déclaré que le but de l’étude était de souligner la « crise de l’inactivité physique » et son coût économique.
« Un adulte européen sur quatre et un adolescent européen sur cinq ne font pas suffisamment d’exercice physique. Ils se situent en réalité bien en-deçà de ce qu’on attend d’eux », souligne Vicky Pryce.
« Il est intéressant de noter que les jeunes sont même pires que les plus âgés. Bien sûr, les lignes directrices sont aussi plus exigeantes pour les jeunes, mais si vous ne commencez pas tôt, il y a de grandes chances pour que vous deveniez encore plus inactif, et alors vous aurez des problèmes de santé », continue-t-elle.
Mogens Kirkeby, président de l’ISCA, a quant à lui estimé que les personnalités politiques ont aujourd’hui une obligation morale, éthique et financière de provoquer un changement de comportement.
« Nombre de secteurs doivent se concentrer sur ce problème pour trouver des solutions. Dans ce cas, la collaboration permettra aux solutions d’avoir une portée plus large et plus efficace et de meilleurs résultats », affirme-t-il.
L’éducation
En 2013 déjà, Antonio Silva Mendes, directeur des politiques liés aux jeunes et au sport à la Commission, avait déjà déclaré que l’exécutif européen reconnaissait l’importance de l’activité physique et du sport.
« Nous n’avons pas besoin d’un message clair ou de l’engagement de politiciens pour savoir ce qu’i faut faire. Nous avons déjà le cadre réglementaire, à présent nous devons prendre des mesures concrètes », avait-il insisté.
« L’une des solutions est d’encourager l’activité physique à l’école. C’est le point de départ, mais nous n’avons pas le mandat nécessaire, il revient donc aux États membres de prendre la relève. La Commission tente de faire entendre ce message au secteur éducatif.»
Seán Kelly, eurodéputé irlandais représentant le Parti populaire européen (PPE) et président exécutif fondateur de l’institut irlandais pour le sport, est d’avis que les choses « bougent », tant au niveau européen qu’au niveau national. Il rappelle que l’activité physique a des conséquences économiques, sociales et culturelles pour tout le monde.
« L’activité physique réduit le coût des traitements, mais aide également à prévenir certaines maladies, améliore la santé mentale et la qualité de vie en général. Le sport nous apporte des avantages économiques, sociaux et culturels. C’est un médicament en soi », assure-t-il.
Seán Kelly partage l’opinion d’Antonio Silva Mendes quant au rôle du secteur éducatif.
« À l’école primaire, il n’y a pas suffisamment d’activité physique. En Irlande, on estime que seuls 19 % des écoliers font assez d’exercice physique. Un jeune sur quatre est en mauvaise condition physique ou obèse et a une tension artérielle élevée », regrette-t-il.
Mesures concrètes
Si les politiques et le secteur éducatif ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de l’activité physique, c’est également le cas du secteur privé, qui doit prendre ses responsabilités.
James Quincey, président de Coca-Cola Europe, estime que les entreprises et les ONG peuvent faire changer les choses, éventuellement avec l’aide de nouvelles technologies et innovations.
« Les entreprises ont un rôle à jouer à cet égard. Non seulement parce qu’elles ont une responsabilité vis-à-vis de la société, mais aussi parce qu’on ne peut pas gérer une entreprise saine si la communauté locale n’est pas en bonne santé », affirme-t-il.
James Quincey explique que nombre de ses employés utilisent des applications sur leur smartphone pour mesurer leur activité physique, mais également pour imaginer des programmes d’entrainement intéressants.
« La technologie et l’innovation nous permettront d’aller de l’avant parce qu’elles rendent l’activité physique positive et même amusante. Je pense que c’une erreur de penser que nous parviendrons à faire bouger les gens en les culpabilisant et en les empêchant de résilier leur abonnement à la salle de sport en février. Nous devons aller vers eux et rendre l’activité physique positive et amusante », conclut-il.