François Hollande et Matteo Renzi ont officiellement demandé à l’UE de subventionner le tunnel, quelques jours après l’ouverture d’une enquête par l’Office européen antifraude.
À l’occasion du sommet franco-italien qui s’est tenu à Paris le 24 février, Matteo Renzi et François Hollande ont signé un accord permettant le lancement des travaux titanesques du train Lyon-Turin en 2016.
L’accord permettant l’engagement des travaux de la nouvelle ligne ferroviaire a été signé par les deux dirigeants en marge du sommet. Les deux chefs d’Etat se sont félicités des « avancées déterminantes décidées pour le projet Lyon-Turin ».
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« Le Lyon Turin est acté et lancé, il n’y a aucun frein ou obstacle au démarrage des travaux en 2016 » a déclaré le président de la République, en précisant que le calendrier se déclinerait en deux phases : la première concerne les autorisations juridiques attendues, la seconde le financement.
Un projet controversé
De son côté, Matteo Renzi a prudemment évité de mentionner le sujet lors de son intervention en conférence de presse. Le projet fait face à une très forte oppposition en Italie, où les manifestations contre le projet se multiplient.
Le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin fait face à de nombreuses critiques depuis sa conception, tant sur le front de son utilité que sur son coût estimé. L’ensemble de la ligne devrait coûter 26 milliards d’euros, selon une estimation réalisée par la Cour des comptes.
Demande auprès du mécanisme d’interconnexion en Europe
Pour financer ce grand chantier, les deux pays partenaires comptent d’ailleurs faire appel à l’UE, qui pourrait financer une partie du coût du tunnel transalpin au travers du mécanisme d’interconnexion en Europe.
« Nos deux pays ont également signé le dossier de subvention auprès de la Commission européenne, et demandent une participation de l’Europe à hauteur de 40 % du coût des travaux du tunnel de base », soulignent les deux dirigeants dans les conclusions du sommet.
Au travers du mécanisme d’interconnexion en Europe (MIE), l’Union européenne pourrait ainsi apporter 40 % des 8,5 milliards d’euros que devrait coûter la construction du tunnel de 57 km reliant l’Italie et la France, soit 3,4 milliards d’euros, le reste étant à la charge des deux pays.
Les États membres avaient jusqu’au 27 février pour soumettre leur projet à la Commission européenne dans le cadre du MIE . L’exécutif européen doit maintenant se prononcer sur la validité des projets retenus.
Mais l’avenir du Lyon-Turin reste suspendu à l’enquête ouverte début février par l’Office européen antifraude l’OLAF.
Saisie par des eurodéputés écologistes, l’OLAF doit maintenant examiner les incohérences du projet dénoncées par les élus , dont les liens supposés avec la mafia du côté italien et des conflits d’intérêts du côté français.
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« La balle est désormais dans le camp de la Commission européenne qui doit être responsable en refusant tout financement à ce projet inutile » a déclaré l’eurodéputée Karima Delli.