L’Ukraine se rapproche de l’OTAN, mais sans promesse ni calendrier

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une réunion avec le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, au Capitole, Washington DC, États-Unis, le 10 juillet 2024. [EPA-EFE/WILL OLIVER]

Les dirigeants de l’OTAN ont soutenu la voie « irréversible » de l’Ukraine vers l’alliance militaire occidentale, comme prévu mercredi (10 juillet), mais ils se sont abstenus de présenter un calendrier et un cadre concrets.

« Alors que l’Ukraine poursuit ce travail vital, nous continuerons à la soutenir sur la voie irréversible d’une intégration euro atlantique complète, y compris l’adhésion à l’OTAN », indique le communiqué final des dirigeants après des semaines de marchandage sur le texte.

Toutefois, ils ont répété les termes utilisés les années précédentes, à savoir qu’une invitation serait adressée « lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies », comme les États-Unis et l’Allemagne l’avaient spécifiquement demandé.

« Le travail que nous accomplissons ensemble aujourd’hui garantira que, lorsque le moment sera venu, l’Ukraine pourra adhérer sans délai. La question n’est pas de savoir si, mais quand », a annoncé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, aux journalistes à l’issue de la réunion.

L’effort déployé sur le long terme par l’OTAN pour aider l’Ukraine consiste à lui fournir un « pont » vers l’OTAN afin qu’elle puisse un jour devenir un membre à part entière de l’Alliance, ont écrit les dirigeants dans leur communiqué.

Pourquoi l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN reste compromise

Alors que les dirigeants de l’OTAN devraient cette semaine rassurer l’Ukraine sur la constance de leur soutien, il est probable qu’ils n’abordent pas clairement la possibilité d’une future adhésion de l’Ukraine à l’alliance militaire occidentale.

Une voie « irréversible »

Cette formulation avait déjà été utilisée à Vilnius, où les dirigeants de l’OTAN avaient clairement indiqué que l’invitation à adhérer dépendrait des réformes démocratiques, du contrôle de l’armée et de la fin de la guerre.

« Nous disposons d’un programme incroyablement solide qui sera dévoilé dans les prochains jours à l’OTAN et qui constitue un pont très clair, fort, solid et bien éclairé vers l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN », a déclaré le secrétaire d’État américain Anthony Blinken au public réuni au Palais des congrès de Washington.

Pour l’Ukraine, la métaphore du « pont », du « pont bien éclairé » ou d’autres variantes de l’expression est encore loin d’un engagement pour une adhésion à part entière, ce que Kiev cherche à obtenir depuis 2008.

Pour Kiev, la promesse que son processus d’intégration est « irréversible » n’est pas une garantie, car le pays considère cette formulation comme une possibilité que le processus puisse être facilement ralenti par tout membre de l’OTAN qui souhaiterait ajouter de nouvelles conditions. Mais il s’agit d’un pas de plus par rapport à l’année dernière.

« Je ne pense pas que le “pont” doive être considéré comme autre chose qu’un signe que l’Ukraine fera partie de l’OTAN lorsque les conditions seront remplies », a expliqué à Euractiv le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, qui participait à son premier sommet en tant que membre à part entière.

Cependant, la Suède, tout nouveau membre de l’OTAN, a passé plus d’un an dans la salle d’attente de l’organisation car la Turquie lui demandait de modifier ses lois antiterrorisme et d’autoriser la vente d’équipements de défense à Ankara, ce qui prouve que le processus d’adhésion est tout sauf politique et soumis aux souhaits des membres.

« Ce que nous recherchons, c’est l’objectif final du pont », a déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, au Palais des congrès de Washington.

« Ce serait un engagement clair sur le fait que nous prenons au sérieux l’invitation faite à l’Ukraine », a-t-il ajouté.

Selon plusieurs diplomates de l’OTAN, qui se sont entretenus avec Euractiv, la formulation de ce texte ne changera pas foncièrement le fait que l’OTAN n’est pas encore prête à admettre l’Ukraine en tant que membre à part entière de l’Alliance.

« Les actions parlent au moins aussi fort que les mots », a toutefois affirmé Jens Stoltenberg.

L’OTAN s’engage à renforcer les capacités de défense aérienne de l’Ukraine

Les dirigeants de l’OTAN se sont engagés, mardi (9 juillet), à fournir à Kiev des dispositifs de défense aérienne plus avancés et davantage d’avions de combat F-16 afin de contrer l’intensification des frappes de missiles russes sur l’Ukraine.

Le paquet Ukraine proposé par l’OTAN

Dans le but d’aider l’Ukraine à rejoindre l’alliance militaire occidentale, les membres de l’OTAN se sont engagés à réformer et à moderniser ses forces armées afin que l’Ukraine soit aussi prête que possible à rejoindre l’Alliance le moment venu.

Ils affirment que cela constituera un « pont » vers l’adhésion, comme l’a précédemment rapporté Euractiv.

Plus précisément, ce « pont » comprend un soutien militaire durable pour le pays ravagé par la guerre d’au moins 40 milliards d’euros, soit le même niveau que les deux années précédentes, principalement sous la forme d’équipements occidentaux.

Cet engagement vise à « construire une armée capable de vaincre l’agression russe aujourd’hui et de la dissuader demain », a expliqué Jens Stoltenberg.

Il prévoit également d’institutionnaliser la coordination des approvisionnements et des programmes d’entraînement sous l’égide de l’OTAN afin de protéger cette aide des changements de gouvernement dans les États membres, en particulier aux États-Unis.

Après de longues discussions, ce projet sera nommé « Assistance et formation à la sécurité de l’OTAN pour l’Ukraine » (NATO Security Assistance and Training for Ukraine, NSATU).

« Nous soutiendrons l’Ukraine en planifiant et en organisant, en coordonnant les dons et en gérant le transfert et la réparation des équipements. Nous apporterons également notre soutien au développement sur le long terme des forces armées ukrainiennes », a également annoncé Jens Stoltenberg.

« Cela ne fera pas de l’OTAN un acteur du conflit, mais cela aidera l’Ukraine à faire valoir son droit à la légitime défense », a ajouté le secrétaire général de l’Alliance.

Ces promesses politiques devraient également s’accompagner d’une augmentation de la production de l’industrie de la défense, les alliés promettant de présenter des plans nationaux pour accroître leur capacité afin de répondre aux besoins de l’Ukraine et de ses défenseurs, a rapporté Euractiv.

Guerre en Ukraine : le programme d'aide portugais de 220 millions d’euros sera reconduit en 2025

L’aide portugaise à l’Ukraine dépassera les 220 millions d’euros cette année ainsi qu’en 2025, a déclaré le Premier ministre portugais Luís Montenegro. Il a également confirmé l’objectif de son pays d’atteindre 2 % d’investissements dans la défense d’ici 2029.

[Édité par Anna Martino]

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