Selon le groupe de réflexion WatchDog, deux oligarques moldaves en fuite, Ilan Shor et Veaceslav Platon, auraient dépensé plus de 136 000 euros ces trois derniers mois pour diffuser sur Facebook des campagnes visant à discréditer le processus d’intégration de la Moldavie à l’Union européenne (UE) et à soutenir la Russie.
Les publications sponsorisées par les deux oligarques visaient, selon WatchDog, à prouver qu’un référendum sur l’adhésion de la Moldavie à l’UE n’aurait aucune influence sur le rapprochement de Chișinău avec Bruxelles.
D’autres posts expliquaient que le gouvernement moldave exagère les menaces sécuritaires qui planent sur le petit pays, dans le contexte de la guerre en Ukraine et néglige d’autres risques.
En 2017, Ilan Shor a été reconnu coupable de fraude pour avoir volé un milliard de dollars à trois banques moldaves. La même année, Veaceslav Platon a été condamné à 18 ans de prison pour avoir orchestré le Russian Laundromat, un système de blanchiment d’argent qui a permis de faire sortir 20 à 80 milliards de dollars de Russie entre 2010 et 2014, par le biais d’un réseau de banques principalement situées en Moldavie et en Lettonie.
Veaceslav Platon a été acquitté et libéré en 2021. Tous deux résident actuellement en Russie.
Les deux oligarques ont siégé au Parlement moldave. Ilan Shor a été député jusqu’en 2023 et il est aujourd’hui le dirigeant du bloc politique Victoire, qui regroupe des mouvements eurosceptiques et pro-russes.
Selon les de experts de WatchDog, la Russie se prépare à déstabiliser la Moldavie, durant la campagne présidentielle et le référendum sur l’intégration à l’UE, prévus en octobre prochain, d’autant que les autorités moldaves ne disposent pas d’outils efficaces pour lutter contre ce genre de désinformation.
Pour contrer la menace russe, les seules solutions sont donc d’informer activement le public sur la manière dont ces messages sont diffusés, et de dénoncer les fausses informations a posteriori, affirment les experts. Selon eux, ni Meta ni Google ne prennent de mesures significatives pour bloquer ces contenus.
[Édité par Anna Martino et Laurent Geslin]