Les États de l’Union européenne (UE) souhaitent continuer à former des soldats ukrainiens sur le sol européen, mais le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) conseille de rendre les exercices plus conformes aux réalités du champ de bataille.
Cette semaine, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE se réuniront de manière informelle à Bruxelles. À l’ordre du jour notamment, la révision du rôle de Mission d’assistance militaire de l’UE en soutien à l’Ukraine (EUMAM), qui a formé 60 000 soldats ukrainiens sur le sol européen, sur la base des retours de terrain et des demandes ukrainiennes.
L’une des principales demandes de Kiev est de délocaliser la formation, si ce n’est en Ukraine, au moins dans une région frontalière, pour des raisons logistiques. Dans une note non définitive de 35 pages, consultée par Euractiv, le service diplomatique de l’Union européenne (UE) explore cette possibilité, ce qui est loin d’obtenir le soutien unanime des États membres.
Le SEAE recommande également une extension jusqu’en novembre 2026 de la Mission d’assistance militaire de l’UE en soutien à l’Ukraine (EUMAM), qui a formé 60 000 soldats ukrainiens sur le sol européen.
En ce qui concerne les besoins à plus court terme, le document constate que l’écart entre les attentes des Ukrainiens suite aux formations et la réalité du champ de bataille est suffisamment important pour créer des problèmes quand les troupes arrivent sur le terrain.
La réalité du terrain
Le projet d’examen reconnaît notamment que « le réalisme de la formation (qui diffère fortement de la réalité du terrain) est identifié par l’Ukraine comme l’une des lacunes les plus critiques ». Or, « L’écart entre les conditions de formation et la réalité du champ de bataille devrait être réduit autant que possible, même si les réglementations nationales ne peuvent pas être ignorées », souligne le SEAE.
Selon la note, « les modèles de formation actuels sont façonnés par les normes de temps de paix de la formation occidentale (des niveaux inférieurs d’acceptation des risques dans la conception et la conduite de la formation) et, dans certains États membres de l’UE, par des restrictions légales dans l’organisation de certains types de formation ». Notamment les tireurs d’élite, les dronistes ou les acteurs de guerre électronique.
Le rapport du SEAE reconnaît que les formateurs de l’EUMAM proviennent d’États membres de l’UE qui vivent en paix, dont les armées se concentrent principalement sur la lutte contre le terrorisme en zone urbaine, plutôt que sur des guerres conventionnelles.
Les réglementations aériennes de l’UE sur les drones ont également des impacts négatifs sur la formation, et diffèrent grandement de la réalité en Ukraine.
Une refonte s’impose
En l’absence d’une approche de formation continue pendant les combats, les forces armées ukrainiennes formées sur le sol européen doivent suivre un entraînement supplémentaire à leur retour dans leur pays, explique le service diplomatique de l’UE — une mesure qui rend vain l’objectif de la mission.
Les responsables ukrainiens s’inquiètent aussi « du fait que la formation de l’EUMAM est dispensée sur des équipements différents de ceux utilisés au combat », les États membres ne disposant pas du matériel dont se sert l’armée ukrainienne, notamment celui datant de l’ère soviétique.
« Le personnel ayant suivi la formation de base de la EUMAM a besoin d’une formation de suivi à son arrivée en Ukraine. [Les soldats ont besoin] d’être formés psychologiquement et de recevoir un entraînement au combat, ainsi qu’une formation de base à l’ingénierie et à la lutte contre les drones », indique l’étude.
Le fait que les Ukrainiens soient formés avec l’équipement, les procédures et les doctrines des États de l’UE crée également des divergences dans les types de techniques et de méthodes connues par les soldats, une fois qu’ils retournent sur le champ de bataille, souligne la note. L’entraînement complémentaire sur le territoire ukrainien, combiné aux défis logistiques, « sape l’efficacité de l’effort global ».
« Il est impératif de former les soldats des forces armées ukrainiennes sur les équipements qu’ils utiliseront plus tard au combat », conclut le document.